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(Trans)rôles

“Mais bon si à 16 ans tu n’es pas révolutionnaire, tu l’es quand?” 

Ce vendredi 27 janvier 2023, le metteur en scène Kristian Frédric est venu rencontrer au lycée Jean Prouvé de Lomme une centaine d’élèves répartis sur deux classes de seconde et deux classes de première générale.

Du dealer au “dis-leur”! une parole qui porte et emporte!

Lors de notre première rencontre avec K Frédric nous avons pu remarquer que c’est une personne avec beaucoup d’humour, très à l’aise à l’oral et très engagée dans ses discours.

K Frédric a effectué un changement de parcours plus que remarquable car il est passé de dealer à dramaturge. C’est un bourreau de travail emporté par la passion pour son métier et il est reconnu comme l’un des meilleurs metteurs en scène d’Europe.

Un projet MULTIVERS  en cours de français

Le but du projet (TRANS)RÔLE est de réaliser un recueil de textes et  de mises en scènes théâtrales qui questionnent la notion de rôle à partir de personnages littéraires issus du programme de français.

Un projet en deux étapes étalées sur deux années scolaires 2022-2023 et 2023-2024

La première étape consiste à rédiger une vingtaine de textes de débats et conversations entre des personnages littéraires sous forme de crossover qui seront ensuite lus et filmés pour être diffusés sous forme de capsules vidéo sur la chaîne de la compagnie théâtrale de M. Kristian Frédric | lezards-qui-bougent  . Une page web sera créée pour le projet.

La deuxième étape consiste à mettre en scène les textes sous forme de pièce de théâtre dont les décors seront réalisés par les élèves de BTS. La sortie d’un livre est aussi prévue en co écriture entre les élèves et l’auteur. Le livre serait offert aux élèves et aux professeurs participant au projet.

Chaque étape sera marquée d’un événement officiel au sein du lycée pour faire découvrir le projet aux familles notamment  à l’occasion du printemps artistique. Pour mener à bien ce projet plusieurs rencontres avec l’auteur sont prévues. Ce projet peut servir à développer la culture littéraire des élèves, à préparer l’oral du bac, à créer une cohésion entre élèves de seconde, première et BTS. (par E. B-D.)

Voici ainsi quelques échos de notre conversation avec lui

Depuis combien de temps êtes-vous metteur en scène ?

K.F. : J’ai un peu de mal avec les années, mais je peux dire que j’en suis à ma trente-troisième mise en scène, ça fait donc pas mal d’années.

Pourquoi avez-vous choisi de devenir metteur en scène ?

K.F. : J’ai fait plusieurs choses, comédien, assistant metteur en scène, homme de radio. Je n’ai pas choisi. J’ai d’abord rencontré le théâtre. Je vivais dans la rue, j’étais un voyou, j’avais quinze ans. Je suis entré par hasard dans un cours privé de théâtre, le cours de Jacques Fontan. Il m’a dit « Toi, tu restes ici. » Et c’est là que j’ai fait la rencontre d’un univers, la rencontre du théâtre. Dans le neuvième arrondissement de Paris.

Quel est précisément le rôle d’un metteur en scène dans la vie ?

K.F. : Observer, regarder ce qui l’entoure.

Quel est votre ouvrage de littérature d’idées préféré ?

K.F. : Qu’est-ce que c’est, la littérature d’idées ? (Après explication.) J’ai reçu un choc énorme quand j’ai lu Voyage au bout de la nuit de Céline. Je suis en train de lire Fahrenheit 451 de Ray Bradbury. J’aime beaucoup Les Belles endormies de Kawabata, c’est un très beau roman que j’offre à tous les gens que j’aime. En revanche, je trouve qu’il est très difficile de lire le théâtre.

 

 

 

 

 

 

 

Que pensez-vous de la condition de la femme dans la société ?

K.F. : C’est une question piège ? (Rires.) D’abord, il n’y a pas la femme mais des femmes, ensuite on ne parle pas de la même chose selon où on se trouve dans le monde. Mais il y a du boulot. En France, il est nécessaire d’en passer par la parité notamment au niveau financier, salarial, pour changer les mentalités malheureusement, il y a encore beaucoup de travail.

Étiez-vous un bon élève ?

K.F. : J’ai quitté l’école très tôt, j’étais très mauvais. Mais je ne suis pas une référence, je ne veux pas en être une. Je n’ai qu’un regret, c’est de ne pas avoir appris les langues étrangères.

Avec combien de personnes travaillez-vous ?

K.F. : Ça dépend. Dans une mise en scène d’opéra il y a beaucoup de gens. Ce n’est pas le même travail avec deux et avec cent cinquante personnes. Il faut avoir un langage commun et un langage avec chacune d’entre elle. Le metteur en scène est une sorte de caméléon. Il faut aussi savoir bien s’entourer, une seule personne peut tout faire foirer, on doit savoir se débarrasser de cette personne-là. Le metteur en scène est aussi un patron en quelque sorte.

Quel est votre plus grand défi dans vos mises en scène ?

K.F. : Parler de l’humanité, parler de ceux qui ne peuvent pas parler. Le théâtre n’est pas là pour nous rassurer, il doit nous déstabiliser, nous faire réfléchir, pouvoir changer les choses. Aller vers l’humanité et susciter des émotions.

Quelle est la journée type d’un metteur en scène ?

K.F. : Il n’y a pas de journée type, cela dépend du projet. Mais, ce qui est sûr, c’est que c’est beaucoup de travail. La vie est un travail. Il faut trouver l’argent, des financements, et des gens pour vouloir venir jouer dans le bac à sable avec vous. Il faut avoir un ego surdimensionné. C’est tellement prenant et passionnant, il faut avoir un côté totalement déraisonnable. Vous considérez-vous comme un auteur engagé ?

K.F. : Je ne sais pas si je suis un auteur engagé. Mais je n’ai pas de filtres, je dis tout ce que je pense. Le monde dans lequel je vis ne me convient pas du tout. Je souhaite un monde idéal. Je suis anarchiste, ce qui ne veut pas dire que je ne respecte pas les lois. C’est très important d’être un homme engagé.

Propos marquants, phrases fortes

D’abord, il pensait que l’opéra n’était pas pour lui, il n’osait pas entrer dans l’opéra. Il avait beaucoup de stéréotypes, pour lui « c’était pour les bourgeois. » « J’ai pleuré tellement c’était beau. » Il compare sa découverte de l’opéra en tant que librettiste et metteur en scène avec un passionné de pâtisserie qui arriverait soudain dans une magnifique cuisine, et à qui on offrirait la possibilité de faire le plus beau, le meilleur gâteau de toute sa vie, avec les meilleurs ingrédients.

L’opéra est « l’art total ».

« Un metteur en scène est comme un capitaine de bateau. »

« Chacun son parcours, chacun sa vie. »

« Je suis une sorte de rescapé. »

« Dis-moi qui t’entoure, je te dirai qui tu es. » (Federico Fellini)

« À force de travail, ton rêve devient réalité. »

« Pourquoi être raisonnable ? »

« Un homme, un vote ! »

Est-ce que vous faites ressortir ce côté anarchiste dans vos pièces?

K.F.: “Je peux faire des choses très policées mais il y a une seule chose qui m’intéresse, c’est le beau. Moi, ma force c’est que je suis capable de parler de l’horreur en utilisant un cadre très beau et fascinant. Ainsi quand on a reproché à Coppola dans la fameuse scène des hélicoptères d’“Apocalypse Now” d’avoir proposé de belles images il répondit que “ malheureusement l’horreur a une forme de beauté”. Jusqu’où peut-on aller dans l’esthétisme? C’est cette limite qui m’intéresse.

 “Ma difficulté, c’est moi-même”.

 Quel était votre métier rêvé quand vous étiez enfant?

K.F.: “Dealer” je me voyais mourir comme Jim Morrison ! Je me voyais refaire le monde, faire des doigts d’honneur à  la société de consommation, trucider les bourgeois. J’étais contre un système qui ne me convenait pas du tout pour plein d’histoires que je raconte dans mes spectacles. J’avais 15 ans et j’étais puéril. Mais bon si à 16 ans tu n’es pas révolutionnaire, tu l’es quand? Après en passer par là et avoir la chance d’en sortir vivant, ça te forge un caractère. Il est difficile, à 15 ans, d’avoir une idée de métier, mieux vaut d’abord se demander ce qui nous plait.  A cet âge ils m’ont mis dans des cases et ça n’a jamais marché. J’ai raté mon examen de postier. J’aurais fait le facteur cheval!

Quelle est la plus grande difficulté que vous ayez rencontrée dans votre parcours professionnel?

K.F.: Ma difficulté? La mort! (C’est un peu radical!) Ah ! avant??? Ma difficulté c’est mon franc-parler. Il faut apprendre à tourner la langue dans sa bouche et je ne sais pas faire. J’ai une langue un peu trop africaine, elle sort à l’italienne.

 Vous n’avez donc pas fait d’études?

K.F.: Non, j’ai pas mon BEPC, j’ai pas mon BAC, j’ai même pas mon examen de postier. A côté de ça j’ai quand même des diplômes que l’Etat m’a donnés. Mais je n’en suis pas fier du tout mais c’est comme ça j’ai quitté l’école. J’ai quitté l’école, si c’était à refaire quitterai-je l’école? Non! …parce que j’aimerais apprendre les langues étrangères car la vraie liberté, c’est pouvoir découvrir d’autres cultures, c’est pouvoir discuter avec la planète entière!

“Tes rêves, tes passions, voilà qui est intéressant! Le reste c’est du bla-bla”.

Imaginons que vous pourriez changer ce que vous faites aujourd’hui…

FK.F.: Je pense qu’il y a des métiers qui sont beaucoup plus indispensables qu’artiste comme un bon chirurgien qui sauve une vie, ça m’épate, mais j’aurais pas envie de changer de métier car c’est une passion. La société dit qu’il faut faire de l’argent mais ce n’est pas intéressant. Tes rêves, tes passions, voilà qui est intéressant! Le reste c’est du bla-bla.

Est-ce vous avez un modèle?

K.F.: J’en ai plein : Coppola, Giacometti, Patrice Chéreau. Le Caravage parce qu’ il a pris la misère et la souffrance du monde pour les mettre dans des tableaux religieux et c’est ce que je pense vouloir faire dans mon métier de metteur en scène : c’est parler ce dont on ne parle jamais.

On change un peu de sujet mais pensez-vous qu’un metteur en scène a la côte avec les femmes?

K.F.: J’ai commencé à faire du théâtre à cause de ça car je suis entré et j’ai vu quelqu’un en train de mourir et je me suis dit : “ici quand on meurt on se relève, dans la rue quand tu prends un coup de couteau tu te relèves pas forcément”. La côte avec les femmes peut être une bonne motivation si tu es un Dom Juan mais je ne pense pas car les gens t’aiment beaucoup au départ mais tu travailles tellement que tu as des problèmes de communication! Ce sont des métiers de passion; la passion c’est pas du repos mais c’est tellement bien ! Je compare ça à un feu : tu mets du bois et le bois brûle et c’est tellement beau et ça tient chaud donc tu remets du bois jusqu’à ce que toute la cheminée brûle ! C’est le thème de Dom Juan! Est-ce qu’il faut cultiver les passions ou pas? Moi je crois que oui!

Puis  Kristian Frédric s’est retourné vers nous :

“Et  vous alors c’est quoi vos passions??????”

En conclusion : la paroles des élèves sur le projet  :

Ce projet nous permet d’approfondir notre culture littéraire sur certains personnages et nous exprimer à notre manière à travers lui. Nous préparons ainsi notre oral du bac..

Nous aimons sortir de notre rôle et cadre habituel de travail en classe pour échanger et collaborer avec d’autres élèves d’autres classes sous forme de débats et de conversations.

Enfin nous apprécions de développer nos talents d’écriture et  travailler avec Kristian Frédric pour  enrichir notre créativité et nous ouvrir au monde professionnel.

 

Les élèves de PG1 et PG2 du Lycée Jean Prouvé

EN EQUILIBRE SUR LES MOTS

              Le Jeudi 14 octobre 2021, les “deuxième année” de BTS ERA et SCBH du Lycée Jean Prouvé à Lomme ont eu la chance d’assister à un spectacle interprété par les deux jeunes artistes circassiennes Macarena et Eugénie. Faisant parties de la compagnie de cirque la rime, elles ont étudié à l’école du cirque de Lomme (CRAC) et sont venues en résidence au lycée.

Une représentation impressionnante et originale

La représentation artistique s’est déroulée au CDI du lycée, au milieu des livres et des poèmes. Un spectacle construit en trois parties. Tout d’abord une artiste lisait un poème choisi par le public et l’autre l’interprétait avec son corps.
Dans cette première partie les étudiants découvrent leur art. Ce qui les a étonné et les impressionnent fut que chaque mots de poème était interprété en acrobatie par le langage du corps. Un étudiant témoigne ainsi : “J’ai bien aimé le fait qu’elles soient deux et l’échange qu’elles ont dans le regard ou encore quand l’une accompagne l’autre en lisant le texte.
              Le concept d’improviser sur des poèmes est une idée géniale car le spectateur doit essayer de rapprocher chaque mouvement au sens de la phrase.. ». Un concept qui leur était inconnu mais qui les a intrigué et ils attendaient avec impatience la suite.


Une devinette


              La seconde partie du spectacle où, cette fois-ci, toutes les deux  interprétaient des poèmes choisis, cette partie a fait participer les étudiants. En effet une feuille leur a été distribuée sur laquelle se trouvaient trois poèmes, Alicante de Jacques Prévert, Ce que nous perdons de Kae Tempest et Immigré de Rupi Kaur. Voici les mots de Hasma Mahmud étudiante de BTS ERA « Les circassiennes nous ont donné une feuille avec trois poèmes, elles ont ensuite interprété les poèmes à leur façon. Ce jeu consistait à identifier selon leur mouvement acrobatique le poème lié. Le jeu est très intéressant car on avait tous une interprétation des mouvements assez différents ». Le principe du jeu était de deviner quelle représentation était associée au poème, certains élèves ont très vite réussi et d’autres ont eu plus de mal à deviner.


Un bout de papier


              Lors de la dernière partie, encore une fois le public a été interpellé car les deux circassiennes ont proposé aux étudiants d’écrire un mot sur un bout de papier pour pouvoir en faire un poème. Au final cela a donné un poème assez drôle, mais ce qui a marqué le plus aux étudiants c’est leur adaptation et leur interprétation immédiate sans préparation. « Quand les deux circassiennes ont fait une présentation à partir de mots choisis au hasard.
Cela montre leur professionnalisme. En effet la dernière représentation était osée sans répétition. C’était « surprise » et elles ont su relever le défi » nous confie Baptiste Courtin, étudiant en BTS SCBH.               D’ailleurs cette dernière représentation a été principalement la partie préférée des étudiants. Macarena et Eugénie testent leur représentation dans des établissements scolaires à fin d’avoir des avis, des commentaires ,des critiques pour pouvoir aussi améliorer leur spectacle.


Vanassche Audrey, Valdez Vanina, Taviernier Yasmina, Bouillère Mael

Echange scolaire avec l’Allemagne

Cette année les élèves germanistes de seconde et première avaient la possibilité de participer au nouvel échange scolaire avec une école à Witten, en Allemagne, la Rudolf Steiner Schule.

La première partie s’est déroulée en janvier. Neuf élèves se sont lancés à la découverte de la vallée de la Ruhr et surtout de leurs correspondants allemands.

Notre programme a été éclectique : une ancienne aciérie qui est aujourd’hui transformée en salle de spectacle, une après-midi Bowling, un déjeuner au restaurant et puis la visite du stade de football de l’équipe de Dortmund ont été les moments forts pour nous tous. Pour l’accueil chaleureux et l’organisation nous remercions notre collègue à Witten, Madame Véronique Rothstein.

Les binômes ont très bien fonctionné comme on peut constater en lisant les témoignages que les élèves ont rédigés le dernier jour en Allemagne.  Certains auraient aimé rester plus longtemps Outre-Rhin et tous les élèves ont constaté plus de facilité à s’exprimer dans la langue de Goethe à la fin de leur séjour.

Vivement la venue des copains allemands au mois de mars. Nous visiterons entre autres la citadelle, le Palais des Beaux-Arts, le LAM à Villeneuve d’Ascq, l’exposition «Bauhaus» au WAAO à Lille et nous jouerons à la pétanque !

Verena Carpentier, la professeur d’allemand, et Philippe Montagne, le proviseur adjoint, ont eu le plaisir d’accompagner cet échange.

Marché des connaissances

Le mardi 12 novembre, les 193 élèves des classes de 2de, 1ère et Ter ont eu l’occasion de participer aux premiers marchés de connaissances et de compétences organisés au lycée.

Partant du principe que personne ne sait tout et que personne ne sait rien, chacun peut apporter ses connaissances aux autres. Un marché de connaissances et de compétences est un temps et un espace particuliers où des « clients » (élèves,  enseignants…) se déplacent de stands en stands pour acquérir des savoirs auprès de « vendeurs » (élèves, enseignants…). Les transactions en question sont bien entendu totalement gratuites.

Pour cette première édition, 117 élèves ont tenu un stand. 72 stands, répartis sur 3 marchés successifs tout au long de la journée, ont été proposés.

Les élèves ont pu s’initier à des savoirs ou savoir-faire très variés: des langues étrangères (russe, italien, arabe…); des sports (rugby, trottinette freestyle, tennis…); de la musique (guitare, piano, batterie, cajon, beatmaking); des jeux classiques ou inventés; des connaissances en informatique (modélisation 3D, programmation, création de jeux vidéo); les pratiques des pompiers par des élèves pompiers volontaires, et d’autres compétences…

Au-delà de la découverte de divers domaines, les lycéens déclarent unanimement avoir eu l’occasion de communiquer et d’échanger avec des camarades auxquels ils n’avaient jamais parlé jusqu’alors. Et les professeurs, souvent épatés par leurs élèves, les ont découverts sous un nouveau jour. Les uns et les autres s’accordent à penser que cette journée pourra être reconduite.

Tour à tour « vendeurs » et « acheteurs », les élèves ont fait preuve de beaucoup de sérieux et d’implication. Nous pouvons les en féliciter.